La Résilience Climatique :
Un Enjeu Actuel de Santé au Travail pour les CSE
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a défini trois niveaux d’action face aux dérèglements climatiques :
L’atténuation
Il s’agit de l’intervention humaine pour réduire les sources ou augmenter les puits de gaz à effet de serre. Ces actions visent à éviter de dégrader davantage la situation.
L’adaptation
C’est une démarche d’ajustement au climat actuel ou attendu, ainsi qu’à ses conséquences. Elle regroupe les stratégies permettant de faire face à un dérèglement inéluctable, plus ou moins prononcé en fonction des actions d’atténuation menées.
La résilience
Défini comme la capacité des systèmes sociaux, économiques et environnementaux à faire face à un événement, une tendance ou une perturbation dangereuse. En sciences mécaniques, la résilience d’un matériau est sa capacité à absorber l’énergie d’un choc en se déformant, contrairement à un matériau fragile – comme le verre – qui casse sans se déformer. Étendre ce concept à l’organisation du travail illustre bien la problématique : serons-nous capables d’absorber les chocs à venir et de nous montrer suffisamment « plastiques » pour résister aux événements ?
Le débat public se concentre principalement sur les sujets d’atténuation. Des visions différentes s’affrontent : faut-il développer la voiture électrique ou repenser les transports en commun ? Quelle source d’énergie faut-il privilégier ? Quelle est l’utilité des « puits de carbone » ? Les entreprises commencent timidement à mettre en place des politiques de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) qui visent principalement à réduire à la marge l’impact écologique de leurs activités. Cependant, nous constatons très peu de démarches d’anticipation relevant de l’adaptation ou de la résilience. Pourtant, les enjeux sont considérables et actuels :
Événements Climatiques à Venir :
La communication des organismes de recherche nous projette sur l’horizon 2050-2100, mais les changements commencent dès maintenant. Des chercheurs ont récemment indiqué que des journées de canicule à 50°C sont désormais « plus que probables » dans les 5 ans à venir. Sommes-nous prêts ?
Décisions en Matière de Transports :
Le secteur des transports représente le premier poste d’émission de carbone des Français. La Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) a estimé que la proposition de mettre fin aux vols intérieurs pour des destinations accessibles en 4 heures de train pourrait entraîner la perte de 70 000 emplois en France. Autant de personnes à reconvertir !
Au-delà des mesures d’écogestes et de réduction de l’impact écologique, qui sont absolument nécessaires, les entreprises doivent se préparer à ce qui est désormais certain. La crise Covid nous a montré la nécessité d’anticiper des plans de continuité de l’activité prenant en compte non seulement l’activité économique, mais également la santé. Parmi les questions que les Comités Sociaux et Économiques (CSE) doivent aborder avec les représentants de leurs directions :
Travailler avec des fortes chaleurs, à 50°C :
Cela concerne évidemment les métiers extérieurs, mais aussi les ateliers et bureaux non climatisés. Les salariés les plus exposés à la chaleur au travail sont souvent aussi les plus exposés à domicile, sans climatisation ni piscine, rendant difficile leur récupération après une journée de travail.
Réduction des Possibilités de Transport :
La chaleur affecte la circulation des trains, et des limitations pourraient engendrer de nombreux dysfonctionnements.
Impact sur la Chaîne Logistique :
Certains pays particulièrement exposés ont déjà mis en œuvre des confinements climatiques pour empêcher l’exposition à des vagues de chaleur dangereuses. Les approvisionnements, y compris depuis l’Europe du Sud (Italie, Espagne…), pourraient connaître des difficultés.
Politique d’Employabilité :
Permettre aux salariés de se repositionner si le secteur d’activité est à risque. Par exemple, la reconversion vers la voiture électrique menace directement plus de 100 000 emplois en France.
En conclusion
La crise Covid a montré notre niveau d’impréparation à des événements sanitaires. La crise climatique ajoute des risques systémiques et durables sur l’activité et l’emploi, avec une dimension psychosociale importante, comme l’éco-anxiété. L’adaptation aux changements climatiques et l’anticipation des conséquences à moyen terme entrent pleinement dans le champ d’intervention des CSE, au même titre que la réduction des émissions. Il est crucial d’exploiter pleinement les conclusions des autorités (GIEC, Haut Conseil pour le climat, ADEME) pour dessiner des scénarios et se tenir prêts à réagir.
Nos experts se tiennent à vos côtés pour vous accompagner sur ces sujets et partager des méthodes d’analyse adaptées à votre activité. Il est plus que jamais temps de se poser les bonnes questions.