• Contactez
    nos experts
  • du lundi au vendredi
    01 53 72 00 00

Derrière la Crise sanitaire, le spectre de la crise économique Un évènement sans précédent

Derrière la Crise sanitaire, le spectre de la crise économique Un évènement sans précédent

Derrière la Crise sanitaire,
le spectre de la crise économique

Un évènement sans précédent

L’épidémie de COVID-19‭ ‬a conduit à des mesures de confinement touchant près de 4Md d’individus dans le monde avec comme principale conséquence un ralentissement sans précédent de l’activité mondiale‭. ‬À‭ ‬ce jour‭, ‬toutes les prévisions de croissance des principaux pays et acteurs de l’économie sont revues à la baisse avec une anticipation d’un effet plus important que lors de la précédente crise financière et économique de 2008/2009‭.

C’est le plus bas niveau de l’économie mondiale‭ (-‬4,9 ‭%) ‬depuis la Grande dépression‭.‬

Dans ses prévisions pour 2020‭, ‬le FMI avait en juillet 2019‭ ‬prévu une hausse de‭ +‬1,4 ‭% ‬du PIB pour la France‭. ‬En juillet 2020‭, ‬ces estimations sont revues à la baisse avec une prévision à‭ -‬12,5 ‭%.‬

La question de la reprise est‭ ‬fondamentale au regard des risques majeurs sur l’emploi et notamment sur les populations les plus précaires en incapacité de travailler depuis leur domicile et/ou ne disposant de dispositif d’état compensant l’inactivité‭.‬

Selon le Bureau International du Travail‭ (‬BIT‭), ‬la baisse d’activité au deuxième trimestre‮ ‬2020‭ ‬correspond à plus de 300‭ ‬millions d’emplois‭.‬

À‭ ‬ce jour‭, ‬les prévisions de relance de l’activité sont soumises à de nombreux aléas‮ ‬‭: ‬

  • Atteinte ou dépassement du pic épidémique ‭;‬
  • Efficacité des mesures sanitaires limitant les risques de contagion‭, ‬deuxième vague d’épidémie sur fin‮ ‬2020‭, ‬début‮ ‬2021 ‭;‬
  • Capacité des travailleurs à retrouver de l’emploi y compris en changeant de secteur d’activité ‭;‬
  • Impact des fermetures et/ou‭ ‬réorganisations d’entreprises ‭;‬
  • Coût induit des mesures de préventions pour les entreprises‭ (‬organisation du temps de travail et des espaces de travail‭, ‬mesures‭ ‬d’hygiène‭…)‬ ‭;‬
  • Gestion des chaînes d’approvisionnement‭ ‬et anticipation pour les entreprises d’un nouveau risque épidémique ‭;‬
  • Baisse de la demande et déficit de financement ‭;‬
  • Etc‭.‬

La prudence conduit donc à une anticipation d’une reprise modérée à horizon‮ ‬2021‭ (‬augmentation progressive de la consommation et des‭ ‬investissements‭) ‬avec une prévision de croissance de‭ +‬5,4 ‭% ‬en deçà de 6‭ ‬points par rapport aux hypothèses de janvier 2020‭.‬

Des effets disparates selon les pays‭ ‬

Selon l’OCDE‭, ‬la mise en place du chômage partiel et de dispositif de maintien dans l’emploi a limité‭, ‬à date‭, ‬les effets des pertes d’emploi sur les pays européens‭. ‬Aux États-Unis‭, ‬des manifestations ont eu lieu pour exiger l’arrêt des mesures de confinement‭, ‬la perte d’emploi se traduisant directement par une baisse radicale du pouvoir d’achat‭.‬

Pour la France‭, ‬c’est une dépense 24‮ ‬Md€‭ ‬pour 8‭ ‬millions de salariés‭. ‬C’est globalement‭, ‬en France‭, ‬plus de 100‮ ‬Md€‭ ‬de dépenses publiques‭ (‬en incluant les dispositifs de soutien aux entreprises‭). ‬Là encore‭, ‬la vigilance quant à la reprise économique est de mise‭. ‬En effet‭, ‬une relance moindre et/ou plus longue à se concrétiser va continuer de peser sur les dépenses de l’État tout en ne permettant pas de limiter les effets sur la destruction d’emplois‭.‬

Selon l’INSEE et la Banque de France‭, ‬l’impact pour la France serait de près d’un million d’emplois détruits pour l’année‮ ‬2020‭.‬

Sur le premier trimestre de cette année‭, ‬93 ‭%, ‬dont deux tiers de postes intérimaires‭, ‬sont perdus sur le secteur tertiaire marchand‭. ‬Un des objectifs des dispositifs en‭ ‬œuvre est de permettre une reprise des activités économiques dans un délai court pour retrouver les niveaux d’emplois des années précédentes‭.‬

LA FIN DE LA DÉGRADATION ‭?‬

Dans sa note de conjoncture du 17‭ ‬juin 2020‭, ‬l’INSEE révise l’estimation de baisse du Produit Intérieur Brut‭ (‬PIB‭), ‬pour le deuxième trimestre‭, ‬de‭ -‬20 ‭% ‬à‭ -‬17 ‭% ‬compte tenu d’une reprise de la consommation des ménages en juin‭ (-‬5 ‭% ‬vs juin 2019‭). ‬Si les indicateurs s’améliorent‭, ‬il convient de rester prudent en lien avec les risques d’une reprise de l’épidémie‭. ‬D’ores et déjà et avant toute nouvelle dégradation liée à la crise sanitaire‭, ‬le PIB français reculerait de 9%‭ ‬en 2020‭.‬

Le risque de défaillance

La mesure phare de l’État en France est le Prêt Garanti par l’État‭ (‬PGE‭), ‬à concurrence de 90 ‭% ‬du montant du prêt‭, ‬les 10 ‭% ‬restant sont supportés par la banque prêteuse‭. ‬Ce dispositif est à destination de la majeure partie des entreprises‭, ‬y compris‭ ‬celles en difficulté financière avant la crise sanitaire‭, ‬qui peuvent emprunter jusqu’à 25 ‭% ‬de leur chiffre d’affaires‮ ‬2019‭. ‬

En mai 2020‭, ‬97‮ ‬Md€‭ (‬dont 64 ‭% ‬financés par les banques mutualistes‭) ‬ont été accordés sur une enveloppe de 300‮ ‬Md€‭, ‬dont 90 ‭% ‬sur les Très Petites Entreprises‭.‬

Selon la Banque de France‭, ‬les entreprises françaises vont atteindre le niveau de 2000‮ ‬Md€‭ ‬d’endettement‭. ‬Ce contexte jamais rencontré soulève de nombreuses interrogations quant aux conséquences pour les entreprises‭, ‬mais‭ ‬plus globalement pour l’économie‭. ‬En effet‭, ‬celles-ci vont devoir faire face à une charge de la dette croissante bien que bénéficiant de taux d’intérêt bas‭. ‬Ainsi‭, ‬2021‭ ‬voire 2022‭ ‬devrait permettre de vérifier si la relance de l’économie permet aux entreprises de faire face à leurs échéances‭ (‬ne pas oublier le report des dettes fiscales et sociales‭) ‬sinon‭ ‬d’accélérer leur restructuration ou fermeture avec à la clé des suppressions de postes‭.‬

Les hypothèses de l’assureur crédit‭ (‬COFACE‭) ‬envisagent une hausse de‭ +‬21 ‭% ‬des défaillances d’entreprises à horizon‮ ‬2021‭ ‬avec comme incidente la mise en difficulté des établissements financiers prêteurs‭.‬

Vraies difficultés et effets d’aubaine

La capacité des entreprises à réagir aux conséquences de la crise sanitaire est fondamentale pour l’économie et l’emploi‭. ‬Celle-ci va dépendre‮ ‬‭: ‬

  • De sa performance enregistrée avant la crise sanitaire et notamment son niveau de trésorerie ‭;‬
  • Des décisions prises pour faire face à la phase de confinement‭ (‬prise de jours de CP‭, ‬récup‮…‬‭)‬ ‭;‬
  • Des mesures dont a bénéficié l’entreprise‭ (‬report de dette‭, ‬PGE‭, ‬chômage partiel‮…‬‭)‬ ‭;‬
  • De sa capacité à relancer rapidement son activité à l’issue du confinement et son niveau de dépendance d’autres acteurs économiques‭ (‬demande des clients‭, ‬approvisionnement‮…‬‭)‬‮ ‬‭;‬
  • En conséquence de pouvoir générer du flux financier pour faire face à ses échéances et financer son exploitation ‭;‬

Les entreprises sont de fait inégales tant au regard de leur situation d’avant crise que du secteur d’activité dans lequel elles opèrent‭. ‬L’analyse doit se faire au cas par cas‭. ‬Il n’en demeure pas moins un risque pour l’emploi‭, ‬celui-ci servant régulièrement d’ajustement pour garantir la compétitivité exigée par l’actionnaire‭, ‬dans un fonctionnement courant de l’entreprise‭.‬

Dans un contexte de crise‭, ‬les effets ne peuvent qu’en être amplifiés‭. ‬Ainsi plusieurs facteurs pourraient se cumuler pour justifier des réorganisations voire des restructurations‭ ‬dans les entreprises‮ ‬‭: ‬

  • Une situation économique difficile avant l’épidémie et aggravée par le confinement ‭;‬
  • Un projet de réorganisation reporté suite à la crise ‭;‬
  • Une accélération de la digitalisation des activités et/ou une évolution de l’organisation du travail issue de la période de confinement ‭;‬
  • Un arrêt de l’activité pendant la crise sanitaire et une relance de celle-ci trop longue pour porter ses fruits ‭;‬
  • Un mix de ces éléments ‭;‬

Il sera nécessaire d’analyser les motivations des entreprises dans les projets qu’elles soumettront aux informations consultations des CSE‭, ‬afin de déterminer la part structurelle et conjoncturelle dans les arguments qu’elles apporteront et ainsi de pouvoir relativiser le cas échéant la réalité de l’épidémie et de ses conséquences‭.‬

Si le pari fait par l’État au travers de ses engagements vise à limiter les chocs sociaux consécutifs à la crise sanitaire‭, ‬de nombreux indicateurs appellent à la vigilance et ne peuvent exonérer un risque majeur sur les pertes d’emplois à horizon 2021/2022‭.‬