Déjà au temps des pharaons…
Nous trouvons la trace d’une 1re pathologie professionnelle dans un papyrus de 2 500 ans avant Jésus-Christ qui contient la description dans l’ancienne Égypte du lumbago aigu survenu accidentellement chez un ouvrier ayant participé à la construction d’une pyramide. Plus proche de nous, au 13e siècle, le médecin provençal Arnaud de Villeneuve consacre, dans deux de ses ouvrages, des chapitres spécifiques à « l’hygiène professionnelle » et aux « maladies des métiers ».
Au 16e siècle, Paracelse, alchimiste, astrologue et médecin suisse rédige le premier ouvrage traitant des maladies professionnelles. « Des mineurs et Le mal des montagnes et autres maladies des mineurs » décrit les risques professionnels liés à l’extraction des minerais et au travail des métaux. Il aborde leur traitement ainsi que les stratégies de prévention, ce qui fait de lui le précurseur de la médecine du travail.
C’est au 19e siècle qu’apparaissent les premiers jets de la médecine et santé au travail, quand le docteur Villermé, médecin et sociologue français dresse son « Tableau de l’état physique et moral des ouvriers et employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie ».
Paru en 1840 et connu sous le nom de rapport Villermé, il a eu un grand retentissement et a été à l’origine de la loi sur le travail des enfants dans les manufactures.
1898 : Première loi sur les accidents du travail.
1919 : Première loi sur les maladies professionnelles (plomb et mercure)
1930 : Premier Institut de Médecine du travail à Lyon et le premier enseignement de la spécialité.
1937 : Création des médecins-conseils de l’Inspection du Travail.
1946: Loi relative à l’organisation de la médecine du travail qui étend progressivement la médecine du travail à l’ensemble des entreprises du secteur privé. Compte tenu de l’état de la population après la 2de guerre mondiale, la médecine du travail est alors centrée sur un rôle de sélection des travailleurs aptes à fournir de la main-d’œuvre dans les entreprises.
1979 : Création du « tiers-temps » pour les médecins du travail. Cela signifie qu’un tiers de son temps de travail doit être consacré à des activités en milieu du travail, pour réaliser des études de poste, des Fiches d’Entreprise, des observations du travail réel pour en évaluer les risques, des conseils auprès des responsables et des salariés. Concrètement, cela permet de laisser entrer les médecins directement dans les entreprises afin de remplir leur mission de prévention.
2004 : les services de médecine du travail deviennent des services de santé au travail. Ce n’est pas simplement qu’une question sémantique, mais ceci relève d’une volonté de développer une approche plus globale de la prévention des risques, avec la mise à disposition dans les entreprises de compétences pluridisciplinaires par l’intermédiaire des IPRP (Intervenants en Prévention des Risques Professionnels)
Les services deviennent donc pluridisciplinaires et d’un point de vue de la prévention, les médecins peuvent enfin sortir d’une prise en charge très individualisée, pour aller vers de l’accompagnement collectif, du moins en théorie.
Mais comme les visites médicales restent obligatoires avant toute chose… au moment de la chute du nombre de médecins dans les années 2000, la médecine du travail reste globalement dans la même configuration.
Les médecins n’arrivent pas à passer le temps qu’ils souhaiteraient en entreprise pour mener des actions de prévention, occupés à voir la plupart du temps des gens en visite systématique, des gens qui vont bien, le plus souvent.